LA VOIX DE L’AISNE DU MARDI 20 FEVRIER 2001

Victimes

L'association " Amiante et les anciens salariés d'Hazemeyer et d'Unelec " à la rencontre d'Elisabeth Guigou, ce soir

Nous voulons être reconnus comme victimes "

La venue, ce soir à Saint-Quentin, d'Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité, est peut-être une de leurs dernières chances. Eux, ce sont les membres de l'association " Amiante et les anciens salariés exposés d'Hazemeyer et d'Unelec " qui cherchent à obtenir le statut de " victimes ".

Tous ont été, jadis, employés dans l'une de ces deux entreprises (voire les deux) situées route de Guise à Saint-Quentin. Pendant des années, chacun s'est battu à titre plus ou moins personnel pour obtenir réparation. Car l'amiante tue, a tué et tuera encore malheureusement. Les chiffres des victimes augmentent même de manière assez préoccupante. Il devenait donc urgent d'agir, à défaut d'avoir à réagir... quand il sera trop tard. Plusieurs personnes, touchées plus ou moins directement par la maladie, se sont donc constituées en association, le 31 mars 2000, pour tenter de faire avancer les choses. Leurs premières démarches les ont menées vers la CRAM (Caisse régionale d'assurance maladie) de Villeneuve-d'Ascq (Nord) puis vers l'Inspection du travail qui a pu intervenir auprès du ministère. Les deux organismes ont transmis un avis favorable aux autorités gouvernementales. La décision appartiendrait donc au ministère. " Le but, au départ, c'était d'obtenir l'allocation de cessation d'activité des travailleurs de l'amiante, explique le président Daniel Liénard. Cette action fait suite à un décret du gouvernement : nous souhaitons que nos entreprises soient mentionnées également au Journal officiel pour que les anciens employés soient reconnus comme "salariés exposés à l'amiante" et qu'ils bénéficient des statuts qui s'y rapportent. " Plus de cent quarante personnes adhèrent aujourd'hui à l'association. Certains anciens salariés sont gravement atteints. Chez d'autres, les premiers symptômes se déclarent L'un de nos collègues a subi récemment une ablation d'un poumon et le second est touché. " Actuellement, le gouvernement n'a pas encore reconnu toutes les entreprises.

Sur liste d'attente

Hazemeyer et Unelec sont de celles-là. Seuls les anciens salariés de quelques grandes firmes européennes bénéficient de ce statut. " Certains employés ont commencé à être exposés à l'amiante en 1974 et sont déjà reconnus depuis un an. Unelec a commencé en 1937 et Hazemeyer en 1948... Mais nous attendons toujours d'être reconnus, déplore Daniel Liénard, qui poursuit : " Je ne connais qu'une seule entreprise dans le département qui soit mentionnée : il s'agit de Bosch système freinage, citée au Journal officiel en octobre 2000. " Les membres de l'association basée à Gauchy espèrent la même issue. Mais leur dossier, que Daniel Liénard dit " complet depuis décembre 2000 " est toujours sur liste d'attente. Pour accélérer le procédé, l'association a récemment fait appel aux élus saint-quentinois : " Nous avons demandé à la députée Odette Grzegrzulka, au sénateur maire Pierre André et au sous-préfet Fabien Sudry de nous aider. On a également eu recours à un avocat de Paris, qui défend la cause des anciens salariés de l'amiante. Nous profiterons aujourd'hui de la venue d'Élisabeth Guigou pour poser le problème. Notre statut dépend de sa signature. Je veux lui expliquer que les gens qui sont plus ou moins touchés par l'amiante souffrent autant dans les petites que dans les grandes entreprises. " La décision en reviendrait à la représentante du gouvernement. " Notre seul recours si nous ne sommes pas reconnus, c'est de porter plainte au tribunal administratif de sécurité sociale ", dit encore le président. Une démarche que l'association n'envisage pas pour l'instant car son action commence véritablement à porter ses fruits : " Au départ, chacun se renvoyait la balle. Aujourd'hui, il reste une signature à apposer ", précise Daniel Liénard qui entend bien expliquer à Élisabeth Guigou le fond du problème. Toutes les personnes qui veulent demander réparation devront le faire avant le 27 décembre 2001, date de l'échéance : " Si on ne peut faire reconnaître l'exposition à l'amiante, chacun devra faire une action à titre personnel. Les familles des victimes qui voudront obtenir réparation devront exhumer les corps pour pratiquer une autopsie. " Devra-t-on aller jusque là ? Réponse en fin d'année.

Samuel PETIT

L'association se réunit tous les 2e jeudis du mois au centre social du Moulin de tous vents à Gauchy. Renseignements au Tel 03 23 68 22 53 ou 06 70 78 69 11


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